Ça faisait plus de deux jours qu’elle n’avait pas dormi et pourtant, Abigail n’avait pas le temps d’être fatiguée. Les cernes ornant son visage étaient la seule trace de cette fatigue qu’elle ressentait constamment. On lui avait dit qu’être mère était difficile et stressant, mais être mère sur la Terre était encore pire. Abby était constamment inquiète pour la vie de Clarke. Sa fille avait un rôle de leadeur aux yeux des natifs et des cents jeunes envoyés sur Terre. Même si au final, ça ne surprenait pas la mère Griffin, ça lui faisait vivre avec la boule au ventre. Abby préférait grandement être réveillée et concentrée sur ses différentes tâches à Arkadia plutôt que de rejoindre les cauchemars qui résumaient ses nuits. Clarke, Jake, Raven, Kane, Jackson, Arkadia… Bref tout le monde y passait une nuit après l’autre.

« Abby ? On a besoin de toi à l’infirmerie. » La brunette releva la tête des plans d’Arkadia et la tourna vers Jackson qui venait de pénétrer dans le bureau des conseillers. Sans chercher à en savoir plus, Abby laissa tout de côté et suivit son assistant aux pas de course jusqu’à l’infirmerie. « Octavia..? » s’exclama-t-elle en apercevant la tête brune allongée dans un lit. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » demanda-t-elle à l’endroit de Jackson qui haussa les épaules précisant qu’elle venait d’arriver à cheval et qu’elle n’avait rien dit. La doctoresse fit un signe de la tête et elle se dirigea vers la jeune qui était dans un sale état. La tristesse gagna son cœur de mère. Même si O’ n’était pas son enfant, Abigail avait cette tendance à s’attacher à chaque jeune de cet endroit. Elle voulait uniquement les protéger des maux de ce nouveau monde. Pour certains, c’était difficile à croire, car elle restait celle qui avait été prête à sacrifier 100 enfants pour tester la viabilité de la Terre. Sauf qu’elle avait été sûre de son coup, elle avait fait toutes les recherches et les expériences nécessaires avant de proposer cette option au Conseil. Bec et ongles, elle s’était battue et aujourd’hui, elle continuerait de se battre pour ces enfants et pour l’intégralité de son peuple. « Elle a perdu énormément de sang, j’ai besoin d’une grande quantité d’O négatif. Tout de suite Jackson. » ordonna-t-elle alors qu’elle avait déjà entrepris d’essayer d’arrêter les différentes hémorragies présentes sur le corps de la jeune brune.

Abigail et Jackson passèrent plusieurs heures sur le cas d’une Octavia inconsciente afin de soigner chacune de ses blessures. Par chance, qu’elle était inconsciente, car Abby n’aurait pas eu la force, aujourd’hui, de se battre avec une jeune femme rebelle qui penserait seulement à retourner se battre. Le réveil et la mise au repos forcé serait probablement un combat perdu d’avance, mais peu importe, la médecin ne la laisserait pas sortir d’ici tant qu’elle n’aurait pas décidé qu’elle était prête. « Elle va s’en sortir Abby. » La médecin hocha la tête et poussa un profond soupir de soulagement. Il n’y avait pas eu de complications pendant l’opération, mais ça restait un processus délicat. « Je veux un garde devant la porte. Personne ne sort de cette infirmerie sans autorisation. » Son ton était ferme et autoritaire. Elle connaissait Octavia, il lui fallait un coup d’avance sur cette gamine imprévisible. Son assistant hocha la tête tandis qu’Abigail quittait la section de l’infirmerie pour se rendre à l’extérieur pour profiter d’une bonne douche afin de se retirer le sang d’Octavia du visage et des mains. Elle n’aurait peut-être pas dû, car cette douche la détendit au point de lui donner envie de dormir, ce qu’elle évitait soigneusement depuis des semaines. De retour dans le bureau du conseil, la Doctoresse s’installa dans le canapé où elle finit par tomber de sommeil. Elle ne sut pas immédiatement combien de temps elle sombra, mais l’ouverture de la porte suffit à la réveiller. Elle ouvrit un œil et observa des jambes s’approcher d’elle. Abigail mit un moment avant de réagir lorsque son regard à moitié endormi croisa celui de Kane. « Marcus ? » souffla-t-elle en se redressant subitement du canapé comme si elle faisait quelque chose de mal. « Tout va bien ? » demanda-t-elle presque craintive de la réponse.